Atlas des Récits Vivants
🌍 ATLAS DES RÉCITS VIVANTS
Cartographier les imaginaires, relier les futurs
🌍 SOMMAIRE
✨ PROLOGUE — UN APPEL AUX RÉCITS
« Nous vivons dans un monde saturé d’histoires.
Certaines nous relient, d’autres nous fragmentent.
Certaines ouvrent des horizons, d’autres dressent des murs.
Les récits sont des forces invisibles :
ils gouvernent nos désirs, nos peurs et nos gestes.
Les voir, c’est déjà reprendre la main. »
Cet Atlas naît dans un moment singulier. Nous sommes traversés par une triple tension :
🌿 écologique : la limite du vivant se rappelle à nous
🤖 technologique : les récits sont produits, amplifiés et manipulés à une vitesse inédite
⚖️ politique : nos sociétés s’entrechoquent sur des visions irréconciliables du monde
Dans cette tempête, les récits agissent comme des boussoles.
Ils ne disent pas seulement ce qui est, ils dessinent ce qui pourrait être.
Cet article n’apporte pas de réponses définitives.
Il propose des cartes pour mieux voir, des fragments pour mieux sentir, et des passages pour imaginer ensemble.
👉 Ajoute l’article aux favoris / partage si utile.
🌀 MOUVEMENT I — LES RÉCITS QUI NOUS GOUVERNENT
Comment les histoires dominantes façonnent nos vies
🧠 1. L’INFRASTRUCTURE INVISIBLE DES RÉCITS
Un récit n’est pas qu’une histoire.
C’est une structure de sens.
Il agit dans l’ombre, modèle nos perceptions, oriente nos choix.
Il définit les frontières du pensable et de l’impensable.
Nous croyons choisir librement nos désirs… mais souvent, les récits les ont choisis pour nous.
Le sociologue Cornelius Castoriadis parlait d’imaginaire instituant : des représentations collectives qui fondent nos sociétés.
Aujourd’hui, quatre grands récits dominants imprègnent nos cultures, nos marchés, nos écrans.
📉 2. LES QUATRE RÉCITS DOMINANTS
a) LE RÉCIT DE LA PRÉDATION
« Prends ce que tu peux. Plus vite. Avant les autres. »
Tout se consomme : ressources, attention, relations.
Le monde devient un stock, l’humain un capital.
Ce récit pousse à extraire plutôt qu’habiter.
🎯 Exemple : L’économie des plateformes capte et épuise notre attention.
b) LE RÉCIT DU PROGRÈS SANS LIMITES
« Demain sera meilleur qu’aujourd’hui. »
Promesse des Lumières : science et technologie sauveront l’humanité.
Mais ce récit nie les limites du vivant.
Il devient une fuite en avant collective.
📚 Encadré analytique :
Le philosophe Bernard Stiegler souligne le paradoxe de ce récit :
⚙️ Des solutions techniques toujours plus puissantes
⚠️ Des crises qu’on ne peut plus résoudre par la technique seule
c) LE RÉCIT DE LA PEUR
« L’autre est une menace. Le futur, un danger. »
Médias et algorithmes amplifient l’angoisse : climat, IA, sécurité…
La peur devient une technologie de gouvernance.
Elle fragmente, isole, empêche d’imaginer.
💬 Exemple : Les bulles algorithmiques nous enferment dans nos croyances.
d) LE RÉCIT DE L’URGENCE PERMANENTE
« Tout doit aller vite. Décider vite. Réagir vite. »
La réaction remplace l’analyse.
Réseaux, médias, politique… tout suit le rythme de l’instant.
⚡ Exemple : Dans la crise climatique, l’urgence mal formulée peut tétaniser au lieu de mobiliser.
😰 3. CONSÉQUENCES SUR NOS VIES
Ces récits ont un effet cumulatif :
- Compression de l’imaginaire collectif
- Épuisement de notre attention
- Réduction de notre capacité à concevoir des futurs désirables
🧭 Pourtant, les récits ne sont pas des fatalités : ils peuvent être réécrits.
📌 Carte 1 : Les tensions dominantes
✍️ 4. INVITATION AU LECTEUR
« Et toi ? Quels récits gouvernent ta vie ? »
Quelles histoires orientent tes choix ?
Quels récits hérités choisis-tu de prolonger ?
Lesquels décides-tu d’abandonner ?
Quels récits veux-tu créer pour demain ?
🔥 MOUVEMENT II - LES FRACTURES DE L’IMAGINAIRE
Quand nos histoires collectives se fragmentent
😶🌫️ L'ÉPUISEMENT DES UTOPIES
« Nos ancêtres vivaient sous des promesses d’horizons infinis.
Aujourd’hui, ces promesses se sont dissoutes,
Et le futur ressemble davantage à un précipice qu’à un horizon. »
Au XXᵉ siècle, les sociétés occidentales étaient traversées par de grandes utopies :
🌱 Croissance infinie : prospérité, progrès
☮️ Démocratie universelle : paix et stabilité
🔬 Science salvatrice : santé, technologie, maîtrise du monde
Mais ces promesses se fissurent :
🌡️ Le climat rappelle les limites du vivant
📉 Les inégalités explosent malgré la croissance
🤖 La technologie crée autant de crises qu’elle ne résout
🐾 SORTIR DE L’EXCEPTIONNALISME HUMAIN — HABITER AUTREMENT LA TERRE
La philosophe et biologiste Donna Haraway nous invite à dépasser l’idée profondément enracinée selon laquelle l’humain serait séparé, supérieur ou central dans le vivant.
« Il nous faut inventer d’autres manières d’habiter la Terre. »
— Donna Haraway, Staying with the Trouble
Ce qu’elle appelle “l’exceptionnalisme humain” est un mythe moderne, hérité d’une longue histoire philosophique occidentale (du dualisme cartésien à l’anthropocentrisme industriel), qui place l’humanité comme maîtresse de la nature, gestionnaire de ressources, ou encore héroïne unique de l’histoire terrestre.
🌍 DE L’HUMAIN-SÉPARÉ À L’HUMAIN-ENLIÉ
Sortir de ce récit, c’est reconnaître que :
Nous ne sommes ni seuls, ni autonomes : chaque souffle, chaque cellule, chaque système vivant est co-dépendant d’autres formes de vie.
Le vivant n’est pas un décor ou un stock, mais un tissu d’interactions sensibles, dynamiques, historiques.
Les récits de progrès, de conquête et de maîtrise doivent être remplacés par des récits de cohabitation, de soin, de compagnonnage.
📚 Haraway parle de "faire avec le trouble" :
vivre dans l’incertitude, cohabiter avec les autres vivants, sans prétendre tout contrôler ou tout réparer.
🕸️ TISSER DES ALLIANCES AVEC LE VIVANT
À l’ère de l’anthropocène, raconter le monde autrement, c’est :
🌱 Inclure les voix non-humaines : forêts, rivières, animaux, bactéries, pierres, atmosphères…
🧶 Tisser des récits multispecies, où l’humain n’est qu’un nœud parmi d’autres dans la trame du vivant.
🎭 Remettre en scène des figures hybrides, des mythes réenchantés, des fictions cosmiques qui élargissent l’idée du monde habitable.
Haraway invente des concepts comme le Chthulucène, un temps narratif où tous les vivants “deviennent avec” les autres, dans un tissage infini de récits partagés.
🌌 VERS UNE COSMOPOÉTIQUE
Ce déplacement narratif ne concerne pas seulement la philosophie ou l’écologie.
Il engage notre imaginaire collectif, nos arts, nos politiques, notre rapport au soin, à la mémoire, à l’héritage.
Sortir de l’exceptionnalisme humain, c’est :
💬 Prêter attention aux silences des autres vivants
🐚 Composer des langages sensibles entre espèces
🔮 Imaginer des mondes narratifs habités par le multiple, le fragile, le symbiotique
💬 INVITATION
Et toi ?
Si la Terre écrivait un récit, y serais-tu le héros… ou le compagnon ?
Quelles histoires pourraient naître à plusieurs espèces, à plusieurs voix, dans un monde partagé ?
✨ Un récit vivant est un récit qui fait place à l’altérité – même invisible, même silencieuse.
🕳️ L'EMPIRE DES DYSTOPIES
« Si l’utopie nous a quittés, c’est la dystopie qui s’est installée. »
Films, séries, romans, réseaux : l’imaginaire collectif est saturé de récits d’effondrement.
De Black Mirror à The Last of Us, ce sont les mondes post-catastrophes qui colonisent nos esprits.
Ces récits ont deux effets :
🌀 Ils révèlent nos angoisses profondes
😴 Mais ils entretiennent la passivité
📚 L’essayiste Alice Carabédian montre comment la dystopie « normalise le désespoir » :
Quand l’avenir semble toujours perdu, pourquoi tenter d’agir ?
🌐 LA POLARISATION DES IMAGINAIRES
« Nous ne partageons plus les mêmes histoires.
Nous ne vivons même plus dans le même réel. »
Les récits partagés se fragmentent.
Les algorithmes créent des bulles narratives :
Chacun évolue dans sa chambre d’écho
Les biais sont renforcés
Les débats deviennent des confrontations
📚 Le philosophe Bruno Latour le résume ainsi :
« Nous ne faisons plus face à des opinions divergentes :
Nous vivons dans des mondes différents. »
💬 Exemple : Sur la transition écologique
Pour les uns 👉 sobriété = vitalité
Pour les autres 👉 sobriété = régression
📌 Carte 2 : Écologie des récits
🎬 CAPSULE NARRATIVE — “LA VILLE AUX ÉCRANS MULTIPLES”
Une nuit, dans une grande ville.
Des centaines d’écrans illuminent les façades.
Sur l’un, des catastrophes climatiques.
Sur l’autre, une promesse de salut technologique.
Les passants avancent, absorbés par des flux divergents.
Chacun voit son futur.
Personne ne regarde celui de l’autre.
🌿 VERS UNE ÉCOLOGIE DES IMAGINAIRES
Ces fractures ne sont pas inévitables.
Nous pouvons créer une écologie narrative, où plusieurs récits coexistent.
🌉 Accueillir les divergences sans les nier
🧭 Tisser des ponts entre local et global
🌱 Créer des communs narratifs pour relier
📚 🔄 Changer de régime d’attention — Ce qui relie, ce qui régénère
Le philosophe Baptiste Morizot invite à un retournement profond :
sortir du pilotage automatique qui focalise nos regards sur ce qui menace,
pour réapprendre à voir ce qui relie, ce qui soigne, ce qui tisse la vie.
« Il nous faut déplacer notre regard,
Non plus vers ce qui menace,
Mais vers ce qui relie et régénère. »
— Baptiste Morizot, Manières d’être vivant
Ce changement n’est pas un déni du réel ou un optimisme naïf.
C’est un rééquilibrage narratif, un acte de résistance attentionnelle :
dans un monde saturé d’alertes, d’effondrements et d’algorithmes anxiogènes,
l’attention devient un territoire politique, poétique, et vital.
🌱 Cultiver un regard régénérateur
Changer de régime d’attention, c’est :
💡 Repérer les récits-vivants, souvent discrets, marginaux, invisibles aux grandes plateformes médiatiques, mais porteurs de germes fertiles.
🌍 Décentrer le regard : inclure les non-humains, les territoires, les savoirs silencés.
🤝 Accueillir l’interdépendance, non comme une faiblesse mais comme une force.
🧭 Passer d’un imaginaire de la guerre (contre, versus, domination)
à un imaginaire de la relation (avec, entre, co‑habitation).
🔍 L’attention comme acte narratif
Chaque récit commence par un geste d’attention.
En choisissant ce à quoi nous prêtons attention,
nous déterminons ce que nous rendons réel, ce que nous nourrissons.
📌 Ce que nous nommons existe. Ce que nous ignorons s’efface.
D’où l’importance de cartographier aussi les récits invisibles, les voix minorées, les futurs inaudibles…
et d’ouvrir l’espace à une pluralité de récits fertiles, porteurs de régénération narrative.
🌟 Une invitation
Et toi, dans ta propre vie, quels sont les gestes, les histoires, les alliances qui régénèrent ?
Quels récits mériteraient plus d’attention, plus d’écoute, plus de soin ?
🌱 Changer d’attention, c’est déjà changer le monde.
💬 INVITATION AU LECTEUR
« Quels mondes habitez-vous ?
Quels récits avez-vous hérités ?
Lesquels choisissez-vous de quitter ?
Lesquels souhaitez-vous inventer ? »
🌱 MOUVEMENT III — LES GERMES D’UN RÉCIT VIVANT
Inventer les histoires qui nous relient
🌾 L'ÉMERGENCE D'AUTRES POSSIBLES
« Au cœur des ruines, des graines germent.
Elles ne font pas de bruit.
Elles poussent là où on ne les attend pas.
Elles dessinent d’autres manières d’habiter le monde. »
Partout, malgré les récits dominants, des expériences discrètes dessinent des futurs désirables :
🏡 Tiers-lieux autogérés
⚡ Communautés énergétiques locales
🎭 Réseaux d’artistes transdisciplinaires
🤝 Collectifs citoyens
Ces initiatives n’imposent pas une « grande utopie »,
Elles explorent des possibles concrets, dans les interstices de la société.
🌟 Portraits d’initiatives inspirantes (France & Europe)
🌿 Le Réseau Oasis (France)
+1200 lieux connectés — écovillages, habitats partagés, tiers-lieux — pour expérimenter des formes de vivre-ensemble régénératif.
« L’avenir ne se décrète pas : il s’habite, il se cultive. »
— Manifeste du Réseau Oasis
🔧 La POC21 (France / Allemagne)
Un laboratoire où designers, makers et ingénieurs ont co-créé des solutions open source pour une société post-carbone.
Leur devise : “Réparer le futur”.
🎨 Les Ateliers Médicis (France)
À la croisée de l’art, du territoire et du lien social.
Chaque création artistique devient une conversation vivante avec un lieu, ses habitants, son histoire.
🌍 Regards du monde — Récits vivants au‑delà de l’Europe
Au-delà de l’horizon européen, d’autres voix racontent des mondes tissés de mémoire, de territoire et de relation.
Elles élargissent notre imaginaire, en résonance avec les récits vivants, situés, régénératifs.
« Os rios, esses seres que sempre habitaram os mundos em diferentes formas, são quem me sugerem que, se há futuro a ser cogitado, esse futuro é ancestral, porque já estava aqui. »
— Ailton Krenak, penseur indigène brésilien
La terre et ses cours d’eau portent une mémoire vivante, bien antérieure à l’humanité — un futur ancestral qui insiste déjà dans le présent.
« An Indigenous person is a member of a community retaining memories of life lived sustainably on a land base, as part of that land base. »
— Tyson Yunkaporta, penseur aborigène australien
L’indigène est enraciné, membre vivant d’une communauté qui incarne la mémoire d’un lien durable au territoire.
Ces voix rappellent que le futur ne vient pas d’une rupture, mais d’un enracinement vivant, une mémoire active, un geste de reliance entre passé, présent et vivant.
🇮🇳 Navdanya (Inde)
Fondée par la penseuse écoféministe Vandana Shiva, cette organisation défend la souveraineté des semences, la biodiversité et une agriculture régénérative.
« Chaque graine porte un récit de liberté, de soin et de reliance au vivant. »
🌊 Whanganui River (Aotearoa / Nouvelle-Zélande)
Grâce à la mobilisation des peuples Māori, le fleuve Whanganui est devenu le premier au monde à obtenir une personnalité juridique.
« Je suis la rivière, et la rivière est moi. »
🌿 Territoires Krenak (Brésil)
Le peuple autochtone Krenak, avec la voix poétique d’Ailton Krenak, résiste à la dépossession écologique en défendant une vision cosmogonique du monde, où la nature est sujet, non objet.
« Nous ne défendons pas un territoire : nous défendons une manière d’habiter. »
🔥 Standing Rock (États-Unis / territoires Lakota)
Une mobilisation spirituelle et politique contre un pipeline sur des terres sacrées. Le slogan devenu récit : Water is Life.
« Ce n’est pas une protestation. C’est une prière. »
🌀 Ubuntu Lab (Afrique du Sud)
Un espace de narration et de justice réparatrice fondé sur la philosophie Ubuntu — « Je suis parce que nous sommes ».
« Réparer les récits blessés, et en inventer de nouveaux ensemble. »
🌾 Andes Resilientes (Pérou, Bolivie, Équateur)
Un réseau d’agroécologie andine où les savoirs autochtones sont transmis pour cultiver la résilience face aux changements climatiques.
« Chaque terrasse, chaque graine, chaque chant ancestral porte une mémoire vivante. »
💬 Conclusion possible :
Ces récits ne sont pas folkloriques. Ils sont vivants, politiques, poétiques. Ils montrent que d’autres manières de raconter et de relier sont possibles, déjà à l’œuvre, et précieuses pour penser un monde commun.
Du cœur des métropoles aux territoires autochtones, des récits émergent, porteurs d’un tissage commun.
📌 Carte 3 : Futurs désirables
🎬 CAPSULE NARRATIVE - “LA CLAIRIÈRE”
Au lever du jour, un groupe d’inconnus se retrouve dans une clairière.
Ils viennent d’horizons différents, parlent des langues différentes,
Mais partagent une même intuition :
Il faut raconter autrement.
Chacun dépose un fragment de son histoire.
Peu à peu, la clairière devient un atlas.
Chaque voix, une étoile.
Chaque étoile, un chemin.
🌿 QU'EST CE QU’UN RÉCIT VIVANT ?
Un récit vivant n’est pas un dogme.
C’est une histoire ouverte, mouvante, enracinée.
Il se reconnaît à trois traits essentiels :
✨ Il relie
→ Entre humains, lieux, mémoires, vivants.
🌀 Il régénère
→ Il est traversé par la cohabitation, le soin, le respect des cycles.
🕸️ Il se tisse
→ Il émerge d’une pluralité de voix, d’expériences entrelacées.
« Un récit vivant est un organisme :
Il respire, évolue, se transforme au contact des autres. »
📌 Carte : Écologies de récits (détaillée)
Cette carte montre les nœuds de narration partagée :
Points lumineux : les récits ancrés dans des territoires
Lignes entrelacées : les histoires qui voyagent
Cercles concentriques : les convergences d’imaginaires
« Changer les récits, ce n’est pas remplacer un mythe par un autre :
C’est apprendre à les relier. »
💬 INVITATION AU LECTEUR
« Quels récits vivants portez-vous en vous ?
Avec qui les tissez-vous ?
Quelles histoires aimeriez-vous transmettre ?
»
🔭 MOUVEMENT IV — FUTURS DÉSIRABLES & ALLIANCES NARRATIVES
Réinventer nos horizons collectifs
🌀 LE FUTUR N’EST PAS ÉCRIT
« Le futur n’est pas une destination :
C’est une conversation inachevée. »
Longtemps, nous avons imaginé l’avenir comme une trajectoire linéaire :
croissance ➝ confort ➝ progrès.
Mais aujourd’hui, cette narration s’effondre.
Les crises écologiques, sociales et technologiques obligent à recomposer le récit du futur.
📌 Carte 4 : Alliances citoyennes
📚 PHILOSOPHIES DU FUTUR
🌐 COMPOSER AVEC DES MONDES MULTIPLES — LA PERSPECTIVE D’ISABELLE STENGERS
« Il n’existe pas un seul futur à atteindre,
mais une infinité de manières d’habiter le présent. »
— Isabelle Stengers
Dans une époque saturée de récits catastrophistes ou technosolutionnistes, Isabelle Stengers nous propose une philosophie de l’attention lente, de l’écoute située, et de la pluralité irréductible des mondes.
Loin des modèles linéaires où le progrès mènerait mécaniquement vers un futur « meilleur », elle nous invite à composer — non pas à décider d’en haut, mais à fabriquer avec, depuis, et entre.
🎛️ DÉSACCORDER POUR ENTENDRE AUTREMENT
Pour Stengers, "composer avec des mondes multiples" signifie d’abord reconnaître que nous ne partageons pas tous la même réalité, ni les mêmes horizons de sens.
Un monde paysan menacé par l’agro-industrie
Un quartier populaire défendant son tissu de solidarités
Un territoire autochtone protégeant des savoirs plurimillénaires
Une chercheuse en écotoxicologie face au silence politique
Une rivière polluée qui « parle » à ceux qui prennent le temps d’écouter
➡️ Ces mondes ne se superposent pas. Ils s’entrechoquent parfois, s’ignorent souvent. Et pourtant, ils coexistent.
Composer, c’est refuser l’unification autoritaire, et préférer l’orchestration délicate des divergences.
🧭 LA COSMOPOLITIQUE, UNE POLITIQUE DES RELATIONS
C’est dans cette optique qu’elle élabore le concept de cosmopolitique :
Une politique des mondes en présence, humains et non humains.
Un art de tenir ensemble des conflits non résolus, sans les effacer.
Un appel à l’humilité active : reconnaître qu’on ne sait pas à la place de l’autre.
📚 Dans Au Temps des Catastrophes, elle critique les récits de "gestion de crise" qui imposent des solutions rapides sans prendre le temps de comprendre la complexité des attachements que les gens entretiennent avec leurs mondes.
🌱 HABITER LE PRÉSENT COMME UN LIEU DE POSSIBLE
Plutôt que courir après un avenir abstrait et standardisé, elle nous suggère d’habiter le présent, en pleine conscience des relations qui le traversent, des savoirs qui y germent, des gestes qui y réparent.
Cela implique :
🌍 Valoriser les pratiques situées (du soin, de la transmission, de la réparation…)
🔄 Résister aux injonctions à "aller de l’avant" sans mémoire ni ancrage
💬 Créer des espaces de parole plurielle, où chaque monde puisse se raconter
✨ UNE POLITIQUE DES POSSIBLES
Stengers ne cherche pas à imposer un grand récit alternatif. Elle invite plutôt à :
Détecter les signaux faibles,
Protéger les formes de vie menacées,
Cultiver les divergences fertiles.
Dans un monde en mutation, les futurs désirables émergent de la capacité à cohabiter avec les incertitudes, à porter attention aux devenirs fragiles, à composer des récits qui n’effacent ni les conflits, ni les singularités.
De même, la cosmopolitique de Donna Haraway invite à « tisser avec le trouble », à cohabiter avec le vivant sans certitudes.
💬 INVITATION AU LECTEUR
Et toi, dans quels mondes vis-tu ?
Les tiens s’accordent-ils avec ceux des autres, ou s’en éloignent-ils ?
Quelles pratiques, quelles voix, quels lieux aimerais-tu composer avec d’autres ?
Quels récits sont capables d’habiter sans coloniser, de relier sans uniformiser ?
🔀 TROIS SCÉNARIOS NARRATIFS
🟥 Scénario 1 : Continuité
→ Accélération des récits dominants : compétition, extractivisme, techno-solutionnisme.
→ Les fractures sociales et écologiques s’aggravent.
⚠️ Risque : extension des inégalités et perte de sens collectif.
🟧 Scénario 2 : Rupture
→ Crises majeures : climat, institutions, technologies incontrôlées.
→ Émergence de zones ingouvernables, ruptures brutales.
⚠️ Risque : chaos et perte de repères communs.
✨ Ouverture : expérimentations radicales et nouvelles formes de reliance.
🟢 Scénario 3 : Régénération
→ Alliances nouvelles entre humains, vivants, technologies et territoires.
→ Co-création de récits partagés, enracinés et ouverts.
💡 Clé : inventer ensemble, localement, concrètement.
🧭 CAPSULE NARRATIVE — “L’ARCHIPEL”
Un groupe de voyageurs aborde une île lumineuse.
D’autres arrivent d’îles voisines.
Ils déplient leurs cartes : aucune ne correspond.
Alors, ils dessinent une nouvelle carte,
où les îles ne s’effacent pas, mais se relient.
Peu à peu, l’océan devient un réseau de récits vivants.
📌 Carte : Futurs désirables (détaillée)
Chemins rouges → poursuite des récits dominants
Chemins verts → scénarios de régénération
Chemins dorés → convergence entre sobriété, innovation, reliance
« Quels futurs voulons-nous vraiment habiter ? »
🤝 ALLIANCES CITOYENNES
Face à la complexité du monde, des formes d’action coopérative émergent :
🏘️ Coopérations locales :
monnaies solidaires, jardins partagés, ressourceries, habitats partagés…
🌐 Tissages transversaux :
alliances entre artistes, chercheurs, enseignants, élus, citoyens…
✨ Forces invisibles :
entraide informelle, rituels collectifs, transmission de savoirs ancestraux.
📌 Carte : Alliances citoyennes (détaillée)
Points lumineux = alliances en émergence
Lignes fines = interdépendances fragiles
Zones denses = foyers de coopération active
🌍 RELIANCES & COSMOPOLITIQUE
Il nous faut dépasser les oppositions binaires :
🧠 Science / 🌿 Nature (Descola)
🤖 Humain / 🐾 Non-humain (Latour)
🏘️ Local / 🌍 Global
« Les récits vivants ne remplacent pas,
Ils relient, incarnent et tissent. »
💬 INVITATION AU LECTEUR
« Quel futur désirable aimeriez-vous contribuer à écrire ?
Quelles alliances pourraient naître autour de vous ?
Quels récits aimeriez-vous partager pour les faire exister ? »
🌌 MOUVEMENT V — CONSTELLATIONS ET RELIANCE
Relier les voix, tisser les mondes
✨ DE LA FRAGMENTATION À LA CONSTELLATION
« Nous ne vivons pas dans un seul monde :
Nous habitons des archipels d’histoires.
Certaines s’ignorent, d’autres se heurtent,
Quelques-unes commencent à se relier. »
Dans un monde saturé de récits fragmentés :
– communautés isolées,
– mémoires effacées,
– horizons contradictoires,
…l’idée de constellation propose une alternative.
Elle ne cherche pas à unifier par la force, mais à relier par le sens.
Un récit vivant ne remplace pas les autres :
il coexiste, écoute, et coopère.
📌 Carte 5 : Cartographie des risques narratifs
Cette carte montre où les récits peuvent se figer ou déraper :
⚫ Récits fermés → idéologies autoritaires, identitaires, rigides.
🎭 Récits instrumentalisés → manipulations, propagandes, fake news.
🕳️ Récits absents → voix invisibilisées, peuples oubliés, savoirs effacés.
🔍 Clé de lecture :
– Zones sombres = saturation par les récits dominants
– Points périphériques = récits émergents, fragiles
– Chemins clairs = passages possibles entre mondes différents
« Comprendre les risques,
C’est rouvrir l’espace des possibles. »
📌 Carte 6 : Constellation des récits vivants
Une vision globale apparaît :
💫 Chaque récit = une étoile
🌌 L’ensemble = une constellation vivante et mouvante
🔹 Étoiles isolées → initiatives locales, singulières, précieuses
🔹 Nœuds denses → carrefours d’histoires et d’alliances
🔹 Lignes dorées → ponts entre générations, disciplines, territoires
« Quand les récits se relient,
Un autre monde devient pensable. »
🌠 CAPSULE NARRATIVE — “L’HORIZON DES VOIX”
Dans le silence d’une nuit claire,
Des milliers d’étoiles s’allument au-dessus d’une vallée.
Chaque lumière est une histoire :
une voix, une mémoire, une possibilité.
Un vent léger se lève.
Les voix se répondent.
Et peu à peu,
✨ la nuit se met à parler.
🌿 RITUEL DE RELIANCE
(À compléter par le lecteur·rice)
Cet Atlas n’est pas un livre clos.
Il est une invitation à tisser ta propre carte.
✦ Un mot que tu choisis de garder :
(un mot qui te relie à toi, aux autres, au monde…)
✦ Un récit que tu aimerais transmettre :
(une histoire vraie ou imaginaire, personnelle ou collective…)
✦ Un geste pour un futur possible :
(une action minuscule, mais qui change déjà quelque chose aujourd’hui…)
✴️ À travers les voix, une cartographie vivante pour la paix
Au cœur de cette dynamique de récits pluriels, une initiative poétique récente mérite d’être mise en lumière :
l’anthologie trilingue "Unis dans la Diversité" / "United in Diversity" / "مُتّحدون في التنوّع", dirigée par Khalice Jade, rassemble des poètes engagés du monde entier autour d’un même souffle : celui d’une humanité unie par la parole sensible.
Dans ce recueil tissé de langues — français, anglais, arabe — la poésie devient pont, refuge et acte d’alliance.
Des voix s’élèvent, portées par le désir de relier les cœurs plutôt que de les briser, de dire l’espérance au creux des blessures, et d’offrir à la nuit commune des éclats d’humanité.
"J’ai participé pour que ma voix voyage loin,
pour que ceux qui nous liront sachent qu’à travers le monde,
des poètes et poétesses engagés travaillent dans le silence de leurs nuits,
plume infatigable en main, pour une humanité unie et un monde meilleur…"
— Khalice Jade, Alger, 20 août 2025
Ce type d’ouvrage incarne une carte vivante : celle d’un archipel de consciences poétiques en résonance.
Une invitation à prolonger l’Atlas des Récits Vivants dans des dimensions incarnées, vibrantes et radicalement humaines.
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🌌 ÉPILOGUE — UN MONDE TISSÉ D’HISTOIRES
« les récits ne sont pas seulement des mots.
Ce sont des chemins, des ponts, des feux.
Dans chaque fragment partagé,
Une possibilité d’avenir se lève. »
Merci d’avoir parcouru cet Atlas 🌿
Puisse-t-il devenir boussole, miroir et carte vivante,
À travers toi, et avec les autres.
- Zéphyr ✨🌍
📚 GLOSSAIRE — ATLAS DES RÉCITS VIVANTS
🔹 Cosmopolitique
Notion introduite par Isabelle Stengers, désignant une manière d’accueillir la multiplicité des mondes — humains et non-humains — sans chercher à les réduire à un cadre unique. C’est une politique de la cohabitation entre formes de vie, de savoirs, de récits.
🔹 Récits régénératifs
Histoires ou narrations qui ne se contentent pas de dénoncer ou d’expliquer, mais qui nourrissent des dynamiques de réparation, de soin, de renouveau. Inspirées des écosystèmes vivants, elles visent à restaurer la capacité à imaginer et à relier.
🔹 Futurs désirables
Concept utilisé en design fiction et prospective, désignant des visions de l’avenir portées par l’envie, la solidarité, le soin ou la justice, en opposition aux récits d’effondrement ou technosolutionnistes. Il s'agit de cultiver une imagination politique ouverte.
🔹 Narration située
Forme de récit qui reconnaît le point de vue depuis lequel on parle, en assumant ses ancrages géographiques, sociaux, culturels ou corporels. Inspirée de Donna Haraway et des épistémologies féministes.
🔹 Plurivers
Terme forgé par des penseurs du Sud global pour décrire la coexistence de multiples mondes, visions du monde et manières d’habiter la Terre. Il s’oppose à l’universalisme occidental. Inspiré par Arturo Escobar, Viveiros de Castro, Eduardo Kohn.
🔹 Écologie des récits
Perspective qui étudie comment les récits influencent notre relation au vivant, au temps, à l’autre. Elle explore les régimes narratifs dominants et les alternatives poétiques, militantes ou indigènes qui peuvent en émerger.
🔹 Cosmologies autochtones
Ensemble de savoirs, mythes, pratiques et récits enracinés dans une relation d’interdépendance avec les territoires. Ces cosmologies sont vivantes, relationnelles et souvent régénératives, comme chez Ailton Krenak, Tyson Yunkaporta, Vandana Shiva, etc.
Pour aller plus loin — autour de ces voix et concepts
Un entretien avec Ailton Krenak sur Mongabay (juillet 2024), accompagne la publication anglaise de Ancestral Future et explore la mémoire vivante des fleuves-personnes
Ce n'est pas la fin, nous avons plusieurs futurs possibles : Entretien avec l'auteur autochtone Ailton Krenak
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— Découverte de la reterritorialisation, écologie narrative et mémoire ancestrale.
Sur Wheretheleavesfall.com, un article développe la formule-poétique "The Future is Ancestral", soulignant la continuité dont parlent Krenak et les cours d’eau.
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https://wheretheleavesfall.com/stories/the-future-is-ancestral
Resilience.org propose une lecture critique de Sand Talk, où la pensée aborigène est convoquée comme méthode transformatrice systémique — un chemin plutôt qu’un plan.
Le sable parle : la sagesse autochtone peut-elle sauver le monde ? - résilience
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https://www.resilience.org/stories/2022-01-14/sand-talking-can-indigenous-wisdom-save-the-world/
La page Wikipedia sur Tyson Yunkaporta synthétise sa vision de la relationalité, de la décolonisation des récits et de la co-construction du futur.
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https://en.wikipedia.org/wiki/Sand_Talk?wprov=sfla1
L’article “Environmental personhood” (Wikipedia) contextualise l’existence juridique des fleuves-personnes dans des cadres légaux démocratiques, croisant droit, nature et récit autochtone.
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https://en.wikipedia.org/wiki/Environmental_personhood?wprov=sfla1
📚 Bibliographie sélective — Atlas des Récits Vivants
Cette bibliographie n’est pas exhaustive. Elle trace un réseau de voix qui, par-delà les continents et les disciplines, œuvrent à retisser les liens entre récits, vivants et mondes habitables.
Khalice Jade (dir.), Unis dans la diversité – Anthologie poétique trilingue pour la paix, 2025.
Trilingue : Français / Anglais / Arabe. Disponible sur Amazon : https://amzn.eu/d/hCbOk5r
➤ Ouvrages collectifs & poétiques engagés
Castoriadis, Cornelius — L’Institution imaginaire de la société, Seuil, 1975.
➤ Sur l’imaginaire instituant et les fondements symboliques du social.
Haraway, Donna — Vivre avec le trouble, Éditions des Mondes à faire, 2020.
➤ Sur le tissage interespèces et les récits non-anthropocentriques.
Morizot, Baptiste — Manières d’être vivant, Actes Sud, 2020.
➤ Pour une éthique du vivant fondée sur la relation et la sensibilité.
Stengers, Isabelle — Au temps des catastrophes, La Découverte, 2009.
➤ Une cosmopolitique des devenirs et une politique des possibles.
Krenak, Ailton — Idées pour retarder la fin du monde, Éditions Dehors, 2020.
➤ Une parole indigène brésilienne pour repenser la modernité et relier passé, présent et futur.
Yunkaporta, Tyson — Sand Talk: How Indigenous Thinking Can Save the World, HarperOne, 2019.
➤ Une vision aborigène des récits, du territoire, de la mémoire et des savoirs partagés.
Carabédian, Alice — Utopie radicale, Seuil, 2022.
➤ Une philosophie politique et esthétique de la science-fiction et des futurs désirables.
Latour, Bruno — Où atterrir ?, La Découverte, 2017.
➤ Pour penser une nouvelle carte du monde face aux enjeux écologiques et politiques.
✍️ À PROPOS DE CETTE ÉCRITURE
Ce texte a été conçu dans un processus d’écriture dialogique entre un auteur humain — Zéphyr Avenel — et une intelligence artificielle conversationnelle (basée sur le modèle GPT‑4o d’OpenAI), mobilisée comme partenaire réflexif et non comme simple outil de rédaction.
Loin d’une automatisation ou d’une délégation invisible, ce compagnonnage numérique s’inscrit dans une philosophie de l’écriture augmentée :
une co-construction attentive, structurée par des échanges progressifs, des reformulations, des relectures croisées, et des allers-retours critiques visant à affiner à la fois la forme narrative, les concepts mobilisés, et la portée poétique et politique de l’ensemble.
Ce travail s’ancre dans une volonté d’expérimentation littéraire et intellectuelle :
👉 explorer ce que peut devenir un Atlas vivant, quand la cartographie n’est plus un cadre rigide mais un espace de reliance,
👉 expérimenter des récits qui ne prétendent pas à l’objectivité universelle, mais qui articulent des points de vue situés, des futurs désirables, des tensions critiques, et des formes poétiques d’attention.
Ce texte n’est donc pas un simple contenu produit :
il est le résultat d’un processus exploratoire, à la frontière de l’essai, de la narration spéculative, de la philosophie en mouvement, et de la co‑création technopoétique.
Puisse cette démarche inviter chacun·e à questionner ses propres récits,
et à imaginer d’autres manières d’écrire avec, contre, ou au‑delà des outils numériques d’aujourd’hui.
🪐 Pour découvrir l’univers de Zéphyr Avenel :
👉 https://wood-demonstrate.unicornplatform.page/zephyr_avenel/
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